Marquenterre

En arrivant par la mer, c'est donc ici que l'on pénètre en Picardie dont Curnonsky et Rouff écrivaient :

"De toutes les provinces françaises, la Picardie est peut-être celle qui a le mieux conservé les vieilles recettes de ses mets populaires, tout comme elle a su garder, en son dialecte, le caractère primitif de la langue romane; car, frondeurs et batailleurs, jaloux de leurs libertés communales, gaillards, braillards et paillards, paysans ou soldats en sayons ou en rouillière (blouse) les vaillants Picards, travailleurs tenaces, ignorant la fadeur des vocables de joie seuls ont forgé leurs mots virils, lourds et sans art." [...] Ce pays pourrait sembler sans intérêt pour le touriste s'il ne lui offrait - avec ses reliques du passé : Montdidier, Péronne, Doullens, Abbeville et ses vieilles maisons, Amiens et son éblouissante cathédrale — s'il n'offrait le pittoresque de ces étranges jardins maraîchers, les hortillonnages, conquis sur les tourbières de la Somme, d'Amiens à Abbeville.."

Oui mais nos gastronomes voyageurs écrivaient ceci quelques années seulement avant l'arrivée des congés payés fixés par la loi du 20 juin 1936. Et cette côte devint ce qu'elle est aujourd'hui, un haut lieu du tourisme, à 2H30 en voiture de Paris.

Et qu'est-ce qu'on y déguste ? Aujourd'hui l'agneau de pré salé de la baie de Somme (en gigot braisé), jadis la Menouille, toujours le gibier d'eau et le canard sous toutes ses formes (aux pommes reinettes par exemple), jadis les grives et les anguilles en pâté. A la grande variété de poissons de mer (barbues, carrelets, colins, éperlans, harengs, limandes, maquereaux, merlans, mulets, plies, raies, soles, turbots, vives) pêchés jadis et dont certaines espèces sont abandonnées de nos jours, et de crustacés (crevettes, moules, crabes), s'est rajoutée la coquille Saint-Jacques de la baie de Somme.

Parmi les spécialités plus "terrestres", on retrouve la ficelle picarde, la flamiche aux poireaux, et de succulents desserts, comme le gâteau battu, le feuilleté aux pommes.