Biscuits Fossier
Biscuitier | Vente sur place
L’histoire de la Biscuiterie Fossier est intimement liée à celle du biscuit de Reims, devenu « Biscuit Rose ». C’est en effet ce terme « biscuit de Reims » qui fut initialement et le plus souvent utilisé pour désigner un type de biscuit sec destiné à être trempé dans le vin et pouvant se conserver. C’est ce type de biscuit, « conservatifs », à l’écorce de citron et à la fleur d’orange mais aussi des massepains et des pains d’épices que fabriquait dès 1756 un certain boulanger du nom de Houzeau père au N°10 de la place du Marché aux Bleds à Reims, associé à son gendre Noël, fabricant de moutarde. Ils étaient fournisseurs de la table du Roi avant que la maison Derungs obtint ce privilège en 1825 dont les biscuits furent dès lors frappés du sceau de Charles X. Et c’est probablement ces gâteaux-là que Victor Hugo gouta lorsqu’il fut convié à couvrir cet évènement. C’est en 1845 que le boulanger Fossier prend la succession de la maison Houzeau. Le terme « biscuit rose » n’apparait toutefois que vers la fin du XIXème. Fossier fonctionnera dans un périmètre familial jusqu’à la fin des années 1990 où elle connaitre des difficultés irréversibles.
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Et la maison Derungs…qu’est-elle devenue ? Cette dernière a été rachetée en 1950 par la biscuiterie REM, née Biscuiterie Rémoise en1933. Célèbre pour ses déjeuners REM et les Choco REM mais produisant également des biscuits roses ainsi que le sablé Charles VII, proche du petit-beurre, marqué de l’image de la Cathédrale de Reims. Elle fera les frais de multiples restructurations et rachats successifs notamment par LU Brun & Associés, puis Général Biscuit France, et disparaitra en 1986.
Et c’est à cette époque que les deux histoires se rejoignent. La "Biscuiterie Rémoise" recréée par d’ancien cadres de REM et des investisseurs locaux est reprise via un LBO en 1994 par Charles du Hamel de Fougeroux lui-même ancien directeur industriel licencié de LU. Deux ans plus tard il rachète la biscuiterie Fossier. Les deux entreprises fusionnent sous le nom de Fossier. Et il n’y a plus désormais qu’un seul fabricant du fameux biscuit rose de Reims. CQFD.
Fossier connaîtra dès lors une belle croissance développant une large gamme de biscuits et de pains d’épices, ouvrant cinq boutiques de vente directe et un magasin d’usine à La Neuvillette. Au début des années 2000 anticipant l’essor de la vente par Internet et ne souhaitant pas dépendre entièrement de la grande distribution Fossier se lancera dans la vente à distance à l’aide d’un joli catalogue et d’une boutique en ligne. Des milliers de colis partent dès lors aux quatre coins de l’hexagone. Hélas, au moment de passer la main à son fils Charles-Antoine, de retour d’une interview par un magazine économique, dans la capitale, Charles de Fougeroux décède subitement à l’âge de 70 ans.
Son fils reste le dirigeant de Fossier jusqu’au rachat, en 2021 par le groupe rennais Galapagos fondé par Christian Tacquard. Ce dernier élargit ainsi sa gamme déjà bien fournie avec les Gavottes, Traou Mad et Moulin du Pivert. C’est ce même groupe qui, le 28 mai 2024, rachète l'épicerie de luxe Fauchon, place de la Madeleine à Paris.
Cette histoire, que nous avons souhaité relater dans le détail est caractéristique du parcours de bon nombre de produits de nos terroirs français qui ont traversé les siècles et sont toujours présents sur les tables françaises. Ce biscuit rose de Reims voué à disparaitre à la fin du XIXème siècle par le jeu de la concentration industrielle et financière a été sauvé in extremis grâce à la passion d’un homme, Charles de Fougeroux. Il a lui-même été soutenu par un ami, dirigeant d’une grande coopérative sucrière qui ne pouvait pas se résoudre à voir disparaitre ce biscuit qui a enchanté son enfance. Ce biscuit est un bel exemple de « résilience du terroir ». Il faut espérer que les dirigeants actuellement aux commandes sauront conserver cet art difficile de produire de bons produits, riches d’une histoire de plusieurs siècles intimement liés à leur terroir – ici à une ville- sans tomber dans la médiocrité qui résulte des conditions et des coûts de production que leur impose la collaboration avec la plupart des groupes de grande distribution, certains bien plus que d’autres. Ce n’est qu’à ce prix que les générations futures pourront encore évoquer et surtout gouter d’authentiques produits de leurs terroirs.