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Carpe frite
Poissons
On peut parler de cette spécialité comme étant un plat identitaire, viscéralement associé à son terroir le Sundgau, petite région rurale truffée d’étangs, en marge de la ville industrielle de Mulhouse et de la riche Suisse voisine qui emploie bon nombre de frontaliers. La carpe frite du Sundgau a sa « Route de la carpe frite », comme le vin d’Alsace a sa route des vins. D’Illfurth jusqu’à Lucelle et de Montreux-Jeune à Rosenau, en passant par Carspach ou Hirsingue, une trentaine de restaurateurs font découvrir la carpe assaisonnée à toutes les sauces : cuisinée en tarte flambée, en raviole, en velouté, en escalopes ou même en dessert…selon la créativité des chefs
La Carpe frite, une spécialité du Sundgau !
Sundgau
Mais c’est sa recette traditionnelle qui en a fait son succès depuis…une période finalement assez récente. Et ce contrairement à la légende qui veut que « du temps des chevaliers » ce soit une jeune bergère de Liebsdorf (le village de l’Amour !) qui séduisit le fils du Comte de Ferrette (titre porté aujourd’hui par le Prince Albert II de Monaco) avec ses darnes de poissons frits et dorés. En effet si le guide UNA et l’inventaire de Curnonsky et de Croze dans les années 30 mentionnent plusieurs recettes de carpe (marinée, aux nouilles, à la juive…), celle qui consiste à frire les darnes roulées dans de la semoule de blé en les servant avec des frites, de la salade et de la mayonnaise agrémentée de câpres et d'échalotes, n’apparait que dans les années 70 et est référencée par le Conseil National des Arts Culinaires (CNAC) consacré à l’Alsace dans les années 90. En tous cas on peut considérer que cette spécialité essentiellement consommée dans les restaurants du Sundgau ne prit son essor qu’à la fin des années 60 avec le développement des voyages en autocars, véritable aubaine pour ce terroir qui ne jouissait pas des mêmes attraits touristiques que le vignoble alsacien. La route de la carpe frite a été créée en 1975 sous l’impulsion du cabarettiste, et poète Tony Troxler.
N'en déplaise à Amélie Nothomb qui déteste les carpes et qui a écrit « Je ne sais pas si vous avez déjà vu la bouche d’une carpe en train de se nourrir mais je ne connais pas de spectacle aussi dégueulasse » se régaler d’un plat de carpes frites dans un de ces joyeux restaurants d’Hirsingue ou de Carspach (la bien nommée !) bondé, un dimanche midi, est une expérience qu’il faut avoir vécue.
Mais un conseil : éteignez votre portable ! Malgré tout le soin apporté en cuisine, il se peut toujours qu’une arête traitresse en « Y » se glisse entre votre langue et le palais. Et comme vous êtes bien élevé et ne parlez pas la bouche pleine vous vous empressez de déglutir à ce moment-là pour répondre à l’appel. Il ne vous restera alors que deux solutions : le stomatologue ou essayer la méthode qui nous a été suggérée par un ami médecin qui l’a expérimentée avec succès sur sa femme : avaler des boulettes de pain, de plus en plus grandes jusqu’à emporter l’arête…
Il en existe une variante à la recette où la semoule est remplacée par une pâte à la bière.