Mâconnais
Il y avait un jour un alsacien qui prit le train. Face à lui dans le compartiment deux joyeux drilles se moquaient de son truculent accent du terroir. « Vous allez où leur demanda-t-il ? « A Parisse »…fut leur réponse, Parisse avec deux « S » bien évidemment ! rajoutèrent-ils en s’esclaffant. « Et vous, où allez-vous ? » lui demandèrent-ils. "A Macon, avec deux cons, bien évidemment ! "
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Heureux voyageur qui débarque dans cette belle préfecture de Saône-et-Loire, au parfum méridional. Ses rues piétonnes invitent à la flânerie le long des maisons aux toits de tuiles rondes et des quais nonchalants de la Saône, dont le gravier inspira un confiseur qui eut la bonne idée de créer de merveilleux bonbons, les Graviers de Saône. Repérés par Curnonski dans son « Trésor et Gastronomie de France », ils semblent avoir disparu au patrimoine des douceurs locales. Contrairement aux dragées, aux bouchons mâconnais, chocolats en forme de bouchon et fourrés au marc de Bourgogne, et à la gaufrette mâconnaise sur laquelle veille la Confrérie du même nom. C’est une délicieuse spécialité du Moyen-Âge remise au goût du jour. La grandeur d’une famille dans le Mâconnais se remarquait au nombre de gaufrettes offertes pour les noces. Et puis il y a l’idéal mâconnais de facture et appellation récente : pâte meringuée aux amandes avec sa crème au beurre, dont on trouve des variantes ayant pour nom dacquoise ou succès suivant les pâtissiers et les maisons qui les élaborent dans d’autres contrées.
Du côté de Cluny célèbre pour son abbaye, on produit un excellent miel et on cuit de magnifiques tartouillats comme un peu partout en Bourgogne et Morvan.
Nous avons quelque peu mis la charrue avant les bœufs (dont on fait de succulents tournedos à la mâconnaise) en passant directement aux desserts. Oui, nous aurions dû nous attarder sur l’andouillette de Tournus ou les poissons de la Saône comme les brochets à la crème, au bleu, ou les brochetons au four. Servi entier, avec sa tête, le brochet est vraiment le seul poisson qui semble heureux de son sort, une fois dans le plat, tellement il semble rigoler toutes dents dehors !
Et comme tout cela peut donner soif, méfiez-vous quand même de certaines eaux de ce terroir. Celles de la Fontaine aux Croix près de Cluny passe pour donner la mort à qui la boit, mais peut aussi donner mari à la jeune fille qui vient y pratiquer un rituel ancestral. Transmise de mère en fille, la légende raconte que sur les hauteurs de Cluny, non loin de l’abbaye millénaire qui fit fortune et donna pouvoir à ses moines il y a bien des siècles, coule une source aux pouvoirs magiques depuis des temps plus anciens encore.
Elle trouve sa résurgence dans le bois de Bourcier, auprès d’un hêtre centenaire. Chaque année le jour de l’Ascension, les jeunes filles désireuses de se marier dans l’année devaient monter en pèlerinage à la source pour planter dans son lit une petite croix faite de branchages et d’herbes trouvés aux alentours. Elles étaient ainsi assurées de trouver l’amour dans l’année même. Le lieu devint ainsi naturellement « la fontaine aux croix ».
À quel moment ce culte païen fut-il christianisé par les puissants moines installés dans la vallée de la Grosne quelques kilomètres plus bas, nul ne le ne sait vraiment. Des chroniques du XVe siècle font état à son emplacement d’un ermitage dédié à Sainte-Radegonde, sainte canonisée par la croyance populaire et non par le pape en personne. Tout comme le vieux hêtre, l’ermitage a disparu aujourd’hui.
Mais la légende ne s’arrête pas là. Elle raconte également que quiconque boirait l’eau de la source trouverait la mort. Miraculeuse et mortelle à la fois, la fontaine aux croix détiendrait donc deux puissants pouvoirs.
Autour de la source pousse de la bourdaine, un petit arbuste dont l’écorce passe pour être un puissant purgatif. Ceci expliquerait peut-être cela. À moins que cette mortelle réputation n’ait été à nouveau propagée par une église soucieuse de faire cesser un culte païen ? (Source : clunisois.fr)