Ribéracois
(Périgord vert)
Le marketing touristique local prête à Jules Vernes l’origine de cette appellation de « Périgord Vert » pour désigner ce terroir situé au nord du Périgord, entre Angoumois et Limousin. Or on ne retrouve trace de cet attribut "vert" dans aucun ouvrage d’avant-guerre (la deuxième, donc bien après Jules). Ni du Périgord blanc, ni du pourpre, d’ailleurs. Mais il suffit de flâner sur les berges de la Dronne, sous-affluent de la Dordogne (par L’Isle) du côté de Brantôme, pour se rendre compte que l’on est ici dans un monde émeraude. Brantôme se rajoute à la liste (avec Colmar ou Charolles) des Petites Venise Françaises, puisque cette magnifique ville d’abbaye est ni plus ni moins surnommée « la Venise verte du Périgord ». Et, nous vous le confirmons, la couleur dominante du Parc Naturel Régional Périgord-Limousin où se situe ce terroir est bien le vert. Voilà, nous venons de ripoliner une belle couche verte pour ce terroir, dont se régaleront les moteurs de recherche sur internet ! CQFD.
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Dans ces mêmes livres d’avant-guerre, outre du saumon à la Brantôme (pêché dans la Dronne ?), on parle également bien plus d’oie que de canard. "Le sanctuaire, le cœur même de l’oie, tout parfumé de truffe", comme l’écrivait Austin De Croze, l’inséparable compère de Curnonsky, est devenu aujourd’hui le royaume du canard.
Ici dans le Ribéracois, on est donc dans ce Périgord vert, domaine du canard « IGP du Périgord », omniprésent, gras ou non. S’il est dit que dans le cochon tout est bon, comme chez Sébastien Guillaumot qui élève des porcs noirs Gascons à Bourdeilles, on peut se demander si cet adage populaire ne vaut pas aussi pour le canard !
Quand on voit par exemple ce que propose la ferme Les Canards Creyssacois à Saint-Félix-de-Bourdeilles (24340), on a du mal à imaginer ce que l’on n’utilise pas dans le canard. Tous leurs produits frais sont IGP Périgord. Foie gras de canard déveiné ou non, magret, aiguillettes de canard, cuisses, manchons, gésiers, cœur, pelure de canard, brochettes de canard, saucisse de canard… à part les plumes, la tête et les palmes, on ne voit pas ce qu’il peut rester après la découpe qui ne soit pas transformé par leurs soins.
D’autres ont fait le choix de la nouveauté. C’est le cas d’Alexandra Simonoff-Arpels qui cultive du safran à Verteillac (24320), entre Brantôme et Ribérac. Ses produits sont prisés par de nombreux chefs de la gastronomie française. Petite, elle passait ses vacances au Repaire à Verteillac, maison dont elle a hérité de sa grand-mère maternelle. Un jour Alexandra a eu la curiosité de visiter une exploitation d'un safranier installé à Champs Romains. Il n'a pas fallu longtemps à Alexandra pour se lancer elle aussi dans la production de safran. Conquise qu'elle était, par cet or rouge, L’Or des Anges ( c'est nom de son exploitation) extrait des délicates fleurs de Crocus Sativus.
A une vingtaine de kilomètres de là, à Paussac-et-Saint-Vivien, s’étend le domaine Truffe et ses Saveurs sur un parc de plus de 500 arbres truffiers où flairent Gypsie et Nino, les chiens de Christophe Desvergne qui s’est récemment lancé lui aussi dans l’aventure des produits du terroir. Et tout à côté, à Valeuil (24310), à la Ferme des Terres Vieilles, la famille Latournerie-Mazouaud produit des fromages de chèvre dans la pure tradition artisanale. Et parmi ceux-ci, Cabécou et Cabridou aux consonances bien proches. Si le premier est une production historique et reconnue issue d’un périmètre très large allant du Limousin au Velay, avec une AOP pour le Cabecou de Rocamadour, le deuxième est une sympathique « marque commerciale » que se partagent plusieurs artisans fromagers de terroirs bien disparates comme ici, dans le Ribéracois, mais aussi dans le Beaujolais ou le Haut-Vivarais. Pas toujours facile de s’y repérer !
Dans tous les cas, vous pourrez déguster les deux avec le bon pain du Domaine des Grands Bosts, chez Franck Lasjaunias, un voisin.